Brice Fargeon, alias Laccruche Alihanga ou les tribulations d’un dangereux personnage ?

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Disons-le tout net, la place de cet individu est en prison ! Que ce soit en France, son pays d’origine ou au Gabon, ce pays qu’il pille et menace de plonger dans le chaos, le parcours et les frasques du sulfureux Fargeon Brice Laurent le destinent à un séjour de très longue durée dans une maison d’arrêt.

  Homme à identités multiples, ce repris de justice qui compte dans son palmarès de nombreux et retentissants cambriolages a été bombardé, en août 2017, directeur de cabinet d’Ali Bongo.

Sans vouloir épiloguer en longueur sur les conditions de cette nomination totalement incongrue, il faut quand-même retenir que la promotion de Brice Fargeon, alias Laccrucche Alihanga relève d’un bricolage d’arrière-cuisine ayant mis en scène un roi fainéant et sous influence, une épouse délaissée, mais néanmoins redoutée pour son tempérament volcanique, un fils à papa oisif, un brin attardé, et un escroc vénal obsédé par l’argent et le pouvoir.

Consciente de l’ascendant psychologique qu’elle exerce sur son mari, et jouant à fond sur les graves carences de ce dernier, la Première dame  du Gabon est parvenue sans difficulté imposer le Français Brice Fargeon dit Laccruche Alihanga comme directeur de cabinet du président de la République. Une première en Afrique noire depuis la fin officielle du colonialisme !

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De son vrai nom Brice Laurent Jean-Joseph Fargeon, ce fils de travailleurs immigrés français se serait vu attribuer, à la suite du mariage en secondes noces de sa mère avec un Gabonais, le patronyme de Laccruche Alihanga dont il se sert comme d’une fausse barbe pour opérer en toute tranquillité au Gabon. Cette double identité, il l’utilise surtout pour brouiller les pistes, car en France, et en fonction des circonstances, « le Gabonais d’occasion » Brice Laccruche Alihanga se nomme Brice Laurent Fargeon, de nationalité française. La preuve, il dispose à la fois d’un passeport français avec un nom gaulois bien comme il faut, et d’un passeport gabonais où il porte un nom différent. Et pour bien marquer la différence entre les deux personnes, il a une signature différente sur chacun des documents. Questions : comment a-t-il fait pour obtenir la nationalité gabonaise ? Et que cache-t-il derrière l’utilisation concomitante de ses deux identités ?  Seule une enquête sérieuse pourrait permettre d’y répondre.

©Passeport français de Brice Laccruche Alihaga

Né le 1er juillet 1980 à Marseille, Brice Fargeon a connu une histoire familiale compliquée. Son père Norbert Fargeon (64 ans depuis le 6 décembre dernier) débarque au Gabon en 1976 avec sa jeune épouse Elisabeth Dupont. Tous les deux sont embauchés à la SNBG. Mais au bout de quelques années, le couple, profondément secoué par les frasques extraconjugales du mari, finira par se séparer.  Connu pour être particulièrement porté sur la bagatelle, Norbert Fargeon va tenter de refaire sa vie avec une Gabonaise, Jeanne Tchickaya à qui il fait deux enfants, avant d’être contraint de quitter le Gabon. Son ex-épouse, quant à elle,  va se remarier, en octobre 1984, avec le franco-gabonais Louis André Laccruche Alihanga, lui-même divorcé depuis quelques années. Brice Fargeon est à peine âgé de 4 ans. Le jeune enfant va faire l’expérience d’une famille recomposée qui, au fil du temps, se décomposera du fait de certains aléas sur lesquels il n’est pas utile de revenir.

En 1998, le jeune Brice Fargeon, inscrit au lycée Montgrand de Marseille obtient son bac. Donc, jusqu’à l’âge de 18 ans, au moins, le bonhomme s’appelait toujours Fargeon. Avant, quelques années plus tard, de faire parler de lui mais, cette fois, sous le nom de Brice Laccruche Alihanga. Dans un article consacré en janvier 2018 à sa bienfaitrice Sylvia Bongo, l’hebdomadaire gabonais « La Une » s’était intéressé à lui, notamment à sa position de directeur de cabinet : « …c’est ce poste très sensible qui a été offert, sous la douce pression de Sylvia Bongo, à Brice Fargeon Laccruche Alihanga. Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, ce jeune homme de 37 ans faisait surtout parler de lui dans la rubrique des Faits divers. C’est ainsi qu’en juin 2013, le magazine Jeune Afrique avait contribué à la promotion de sa notoriété internationale en ces termes : ‘‘Les remous n’en finissent pas d’agiter la BGFI Bank. Brice Laccruche, directeur général de la filiale gabonaise désormais limogé, a été arrêté dans le cadre d’une affaire de malversation. (…) Le directeur général, Brice Laccruche, a été remercié. Pour incompétence, laisse-t-on entendre du côté du groupe bancaire gabonais, où l’on n’a pas oublié que sa nomination avait été difficilement acceptée par la Banque centrale. Mais il y aurait plus grave : une source haut placée au ministère de l’Intérieur a confirmé à Jeune Afrique qu’un mandat d’arrêt avait été émis contre le jeune banquier gabonais, qui a été entendu par la police. En cause, une affaire de malversations et de fraudes en lien avec une entreprise détenue par Brice Laccruche dans le BTP’’. Et là, il n’est même pas encore question de ses culbutes à la CNII et à la SGS ».

Ali Bongo qui en a pourtant vu d’autres en matière de « racaille » et de délinquants notoires vient de tomber, cette fois, sur un sacré numéro qui, aux dernières nouvelles, serait au cœur d’un vaste projet de déstabilisation du Gabon. Nous y reviendrons dans une très prochaine parution avec, à la clé, des informations sur son compte bancaire à Genève et les mouvements financiers ahurissants de la société Foncière des 3 Rivières qu’il a créée en mars 2012.  

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