Côte d’Ivoire : Brice Oligui Nguema en visite à Abidjan

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En recevant cette visite, le président ivoirien, préoccupé par les tensions avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, prouve qu’il accepte de parler avec tous les pays, y compris ceux dirigés par des putschistes.

A Abidjan, la diplomatie n’est pas une affaire de treillis. En froid avec les putschistes qui ont pris le pouvoir au Sahel, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a accueilli pour la première fois le chef de la transition gabonaise, le général Brice Oligui Nguema, jeudi 11 avril, près de huit mois après son coup d’Etat contre Ali Bongo Ondimba le soir de sa réélection, le 30 août 2023. « Cher frère, vous êtes ici chez vous ! », a chaleureusement déclaré Alassane Ouattara à l’entame d’une visite de trois jours de son hôte.

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« Les régimes changent mais les relations restent », indique-t-on au ministère ivoirien des affaires étrangères. Cinq mois après leur première entrevue à Riyad en marge du sommet Union africaine-Arabie saoudite, en novembre 2023, les deux hommes se revoient pour faire converger leur agenda diplomatique. Brice Oligui Nguema, arrivé au pouvoir par la force, est en quête de respectabilité sur les scènes continentale et internationale. Quant à Alassane Ouattara, préoccupé par les tensions avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, il prouve qu’il accepte de parler avec tous les pays, y compris ceux dirigés par des putschistes.

L’ancien chef de la garde républicaine d’Ali Bongo tente de poursuivre son travail, déjà bien engagé, de normalisation des relations diplomatiques. En mars, Libreville a repris sa place dans la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), étape préalable avant une éventuelle réintégration de l’Union africaine, qui avait suspendu Libreville après le coup d’Etat. Un retour pour lequel Brice Oligui Nguema est venu « sollicite[r] l’appui de [son] aîné afin de plaider en faveur de la levée des sanctions ».

Après s’être rendu en Guinée équatoriale, en septembre, puis au Congo-Brazzaville, au Cameroun et encore au Sénégal en janvier, le chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) cherche à rassurer ses partenaires africains et les Gabonais de l’étranger, dont ceux qu’il prévoit de rencontrer à Abidjan, sur sa volonté d’organiser une élection présidentielle d’ici au mois d’août 2025. Dans cette perspective, le général de 49 ans a lancé début avril un dialogue national inclusif censé poser les fondements de nouvelles institutions et rassurer la communauté internationale quant à ses intentions de « retour à l’ordre institutionnel » dans un délai raisonnable.

Avec les deux pays voisins de la Côte d’Ivoire, les incidents diplomatico-militaires se sont en revanche multipliés. En 2022, 49 soldats ivoiriens ont été détenus six mois par Bamako, provoquant des tensions entre les deux pays. Et en mars, une incursion de soldats burkinabés en territoire ivoirien a suscité une passe d’armes entre les deux voisins. Ni le Malien Assimi Goïta, ni le Burkinabé Ibrahim Traoré, ni le Nigérien Abdourahamane Tiani n’ont mis le pied à Abidjan.

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