CORRUPTION ET DÉTOURNEMENTS AU GABON : l’urgence d’une loi pénale et d’un Parquet national financier indépendant

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Face à la corruption et aux détournements de biens publics qui gangrènent le Gabon depuis des années, le nouveau pouvoir en place doit agir de manière résolue et sans concession. Deux mesures phares s’imposent : le renforcement du cadre juridique et la création d’un Parquet national financier indépendant.

Renforcer la loi pénale contre la corruption

Jusqu’à présent, le cadre juridique gabonais s’est révélé trop laxiste et permissif envers les pratiques de corruption. Il est donc impératif de revoir en profondeur la législation afin de durcir les sanctions et d’envoyer un signal fort de fermeté.

Tout d’abord, les peines encourues pour des délits de corruption ou de détournement de biens publics doivent être significativement alourdies. La prison ferme doit devenir la norme, avec des durées de sentences suffisamment longues pour décourager ce type de comportements.

De plus, le champ d’application de la loi doit être élargi. Actuellement, trop de personnes, notamment parmi les élites politiques et économiques, parviennent à échapper aux poursuites judiciaires grâce à des failles juridiques ou à leur influence. Il faut donc s’attaquer à ces zones grises, en rendant la loi plus précise et plus exhaustive.

Par ailleurs, la confiscation des biens illégalement acquis doit devenir systématique. Trop souvent, les coupables de corruption réussissent à conserver leurs richesses mal acquises. Or, c’est un élément clé pour rendre la sanction dissuasive et pour réparer le préjudice causé à la collectivité.

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Enfin, le volet anti-blanchiment doit être renforcé, afin de traquer plus efficacement l’origine douteuse de certains capitaux. Des contrôles renforcés sur les flux financiers, les investissements immobiliers ou les biens de luxe permettraient ainsi de mieux identifier les comportements illicites.

Créer un Parquet national financier indépendant

En parallèle du renforcement du cadre juridique, la mise en place d’un Parquet national financier indépendant serait un outil essentiel pour lutter contre la corruption.

Cette structure, composée de magistrats compétents et intègres, aurait pour mission principale d’enquêter sur les soupçons de malversations financières impliquant des personnalités publiques ou des entreprises. Dotée de pouvoirs d’investigation étendus, elle pourrait notamment accéder aux données bancaires, réquisitionner des documents ou procéder à des perquisitions.

Le Parquet national financier devrait également travailler en étroite collaboration avec d’autres organismes spécialisés, comme une Agence nationale de lutte contre la corruption. Ensemble, ils pourraient mener des enquêtes approfondies et transmettre les dossiers les plus graves à la justice.
L’indépendance de cette structure serait un gage d’impartialité et de crédibilité indispensable. Ses membres devraient être choisis pour leur intégrité et leur expertise, et bénéficier de garanties statutaires pour les protéger de toute ingérence politique.

Outre ses missions d’enquête et de poursuite judiciaire, le Parquet national financier pourrait également jouer un rôle de prévention, en sensibilisant les agents publics aux risques de corruption et en proposant des réformes structurelles visant à renforcer la transparence et la responsabilité dans la gestion des finances publiques.

La création de ce Parquet national financier, doté de moyens conséquents et de larges prérogatives, serait un signal fort envoyé par le nouveau gouvernement gabonais dans sa lutte contre la corruption. C’est une condition essentielle pour restaurer la confiance des citoyens et assainir durablement la gestion des affaires publiques.

Amos MINTSA
Coordinateur Général du Réseau AsCom

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