REFERENDUM EN QUESTION : Gabonais mécontents des changements dans le projet de nouvelle Constitution
Le dialogue national inclusif mené au Gabon a permis aux citoyens de faire des propositions pour la nouvelle Constitution, dont certaines ont été intégrées dans le projet initial. Cependant, le texte final semble avoir subi des modifications qui ne sont pas du goût de tous les Gabonais.
Protection de la terre pour les nationaux
L’un des éléments clés du projet de Constitution issu du dialogue était l’article 13 sur l’obtention de titres fonciers. Celui-ci stipulait que seules les personnes physiques de nationalité gabonaise pouvaient prétendre à l’obtention d’un titre foncier, tandis que les personnes morales, qu’elles soient gabonaises ou non, devaient se conformer aux conditions fixées par la loi.
Cette proposition répondait à une préoccupation majeure des Gabonais autochtones. Par le passé, des étrangers venus s’installer au Gabon avaient réussi à s’approprier des terres, parfois même en expulsant les populations locales de leurs propres terrains. Le nouvel article visait donc à protéger le patrimoine foncier national et à empêcher de telles dérives.
Cependant, dans la version finale de la Constitution, cet article a été modifié, au grand dam de nombreux citoyens. Ils estiment que la terre doit rester l’apanage des Gabonais de souche et qu’il est inacceptable que des étrangers puissent toujours prétendre à l’obtention de titres fonciers, même dans des conditions encadrées par la loi.
Exigences renforcées pour la présidence
Un autre point important soulevé lors du dialogue national était l’éligibilité à la fonction suprême. Les participants avaient proposé que seuls les Gabonais nés de parents eux-mêmes nés au Gabon puissent se présenter à l’élection présidentielle. Ils souhaitaient également que les candidats soient mariés à un conjoint gabonais et résident au pays depuis au moins trois ans sans interruption.
Ces conditions, intégrées dans le projet initial de Constitution à l’article 53, visaient à limiter l’accès à la présidence de la République à des personnes ayant des liens étroits et durables avec le Gabon. L’objectif était d’éviter que des étrangers ou des Gabonais dont les attaches avec le pays seraient jugées insuffisantes puissent accéder au pouvoir suprême.
Là encore, le texte final a été modifié, supprimant ces exigences renforcées. Cette décision a suscité l’incompréhension et le mécontentement d’une partie de la population, qui estime que la présidence de la République doit être réservée aux « vrais » Gabonais, nés de parents gabonais eux-mêmes.
Appel à l’explication du Président
Face à ces changements, de nombreux citoyens ont fait savoir qu’ils ne participeraient pas au référendum sur la nouvelle Constitution ou qu’ils voteraient contre, estimant que le texte final ne les protège plus suffisamment.
Le Président de la Transition, qui avait pourtant promis que les propositions issues du dialogue national seraient prises en compte, se doit désormais d’expliquer clairement les raisons de ces modifications. S’il veut éviter des surprises lors du scrutin, il devra convaincre ces Gabonais mécontents que les changements apportés sont justifiés et ne remettent pas en cause les aspirations légitimes de la population.