Arrestation du panafricaniste et anticolonialiste Kemi Seba interpellé à Paris : les details

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Le panafricaniste béninois Kemi Seba, connu pour ses virulentes prises de positions anti-occidentales et déchu de la nationalité française en juillet, a été interpellé lundi 14 octobre à Paris, a-t-on appris mardi de source proche du dossier.

Selon les sources officiels qui ont révélé l’interpellation, l’activiste aurait été interpellé lundi vers 14h alors qu’il était dans un restaurant du 15e arrondissement de Paris, en compagnie de Cyrille Kamden, son bras droit.

Il a passé la nuit en garde à vue.

Arrivé d’Espagne le 10 octobre, il aurait utilisé son passeport diplomatique nigérien pour entrer sur le territoire français. Un passeport où figure la mention « Conseiller spécial du CNSP » (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, une junte militaire au Niger) que lui avait « offert » Abdourahamane Tani, un général nigérien, quelques semaines après la perte de la nationalité française.

De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, l’ancien leader de la Tribu Ka, groupuscule qui revendiquait son antisémitisme et prônait la séparation entre Noirs et Blancs avant d’être dissout par le gouvernement français en 2006, a été condamné plusieurs fois en France pour incitation à la haine raciale, rappelle l’AFP. Il suscite la controverse des deux côtés de la Méditerranée.

Le motif de l’interpellation n’a pas été précisé à ce stade.

« Un défenseur des droits des noirs »

De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kemi Seba, âgé de 42 ans, est connu pour être le président de l’ONG Urgences panafricanistes. Sur son site internet, cette ONG est présentée comme une organisation de « défense des droits des noirs, spécialisée sur les questions relatives à la souveraineté, au néocolonialisme et à la promotion de la justice sociale ».

L’organisation mène entre autres des actions contre le franc CFA et les bases militaires occidentales en Afrique.

Un personnage qui divise.

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Pour certains, il est un panafricaniste convaincu qui lutte contre l’influence néocoloniale de la France en Afrique. Il a organisé à de nombreuses reprises des manifestations contre le franc CFA en Afrique qu’il qualifie de  » scandale économico-politique d’ordre colonial ». En 2017, il sera par exemple interpellé à Dakar, au Sénégal, pour avoir brûlé un billet de 5.000 francs CFA lors d’un rassemblement.

un agitateur qui tient des propos antisémites et racistes.

En France, il s’est notamment fait connaître, au début des années 2000, en tant que fondateur de la Tribu Ka, un groupuscule prônant le suprémacisme noir qui sera dissout en 2006, à la suite d’une expédition de plusieurs de ses membres au cœur d’un quartier juif de Paris.

Kemi Seba a été condamné, en avril 2009, à huit mois de prison avec sursis pour provocation à la haine raciale. La justice française a sanctionné des écrits où il affirmait que la Banque mondiale, le FMI ou l’Organisation mondiale de la santé étaient « tenues par les sionistes qui imposent à l’Afrique des conditions de vie tellement excrémentielles que le camp de concentration d’Auschwitz peut paraître comme un paradis sur terre ».

Kemi Seba s’est par ailleurs vu retirer sa nationalité française et avait en réponse brûlée publiquement son passeport français. Selon plusieurs sources, il s’est rapproché ces dernières années de régimes autoritaires comme la Russie.

Il a par exemple été accusé, en 2023, par certains responsables de l’administration française l, d’être un « relais de la propagande russe » et de servir « une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais ».

Le motif évoqué pour sa récente arrestation à Paris est d’ailleurs, selon son avocat, maître Juan Branco, « intelligence avec une puissance étrangère en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France », une infraction criminelle passible de 30 ans d’emprisonnement.

Kemi Seba « disposait d’un visa de type D – permettant de circuler sur l’ensemble de l’espace Shengen », précise l’ONG. Ce type de visa (D) permet d’entrer et de séjourner en France plus de trois mois. Le président de l’ONG Urgences panafricanistes était « présent à Paris afin de rencontrer des opposants politiques béninois » et « de visiter un proche souffrant », souligne le communiqué.

Âgé de 42 ans, il est aujourd’hui à la tête du groupe « Urgences panafricanistes » et dispose d’une certaine aura sur les réseaux sociaux. Ces dernières années, Kémi Séba a organisé ou participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique, au cours desquelles il a été régulièrement interpellé, expulsé ou refoulé, notamment de Côte d’Ivoire, du Sénégal et de Guinée.

Passeport diplomatique du Niger

Séba dispose depuis début août d’un passeport diplomatique du Niger délivré par la junte en sa qualité de conseiller spécial du chef du régime militaire au pouvoir à Niamey, le général Abdourahamane Tiani.

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