TRIBUNE LIBRE : Et si c’était le coup de grâce porté au Premier Ministre Julien Nkoghe Bekale ?

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De mémoire de Gabonais, jamais le vote d’une loi n’aura suscité une telle réprobation.

Depuis bientôt une semaine, religieux de toutes confessions, politiciens, activistes, artistes et autres sont vent debout pour condamner avec véhémence ce qui apparaît comme une négation des valeurs morales de nos sociétés.

Mieux, les Gabonais, dans une très grande majorité considèrent comme une haute trahison le vote de cette loi par leurs députés qui , disons-le, légalise l’homosexualité.

Avant hier, une citoyenne du canton Mveze, dans le département du Ntem avec une virulence inouïe, est montée au créneau sur les réseaux sociaux pour remonter les bretelles au député de sa circonscription et lui promettre tous les malheurs.

Il n’en fallait pas plus pour que l’intéressé fasse un rétropédalage, dans un message vidéo pour renier les faits, sans convaincre. Son parti, Démocratie Nouvelle, sans le défendre, et pour éviter d’essuyer les foudres des populations, s’est rapidement prononcé contre la dépénalisation de l’homosexualité.

Hier, fait sans précédent, c’est un imam originaire de Lewai, le village natal d’Omar Bongo, qui a adressé, dans un verbe haut et fort, un sérieux avertissement aux initiateurs de cette loi qui suscite le tollé général.

Autre fait singulier, le message du nouvel archevêque du Gabon, SE Mgr Iba Ba.

Son prédécesseur nous avait habitués à toujours soutenir le pouvoir en place, même quand les actes du régime heurtaient les préceptes de la religion catholique. Cette fois, fidèle à sa mission, l’Eglise catholique a frappé là où il fallait et a dit ce qu’il faut dire. La missive de l’Eglise Évangélique du Gabon est tout aussi percutante. Pour la première fois, les 3 grandes religions du pays, sans concertation préalable, produisent le même discours. Toutes condamnent cette abomination et demandent le retrait pur et simple du projet de loi querellé.
Au delà des condamnations, le clergé appelle déjà à des manifestations pacifiques. Mgr Jean Bernard Asseko Mve vient de saisir, au nom de toutes les communautés religieuses de Bitam, le Préfet du Ntem pour l’informer de l’organisation dans les jours à venir d’une marche pacifique. Par effet de contagion et grâce aux réseaux sociaux, le pays tout entier risque de connaître des manifestations dans quelques jours. Quand les religions décident d’investir la rue, c’est à prendre au sérieux.

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Jusque là, Ali Bongo et son équipe de communicateurs restent muets. Bien sûr, son épouse a publié dernièrement un tweet approbateur.

Mais les points de vue d’une première dame, fût-elle régente, n’engagent pas la République.


Ali Bongo est affaibli par la maladie. Personne n’arrive à apporter la preuve qu’il est encore en capacité de diriger le pays qui brille par une gouvernance hasardeuse. A en croire les insinuations du Maire de Libreville lors de sa dernière sortie très controversée, Ali Bongo pourrait rempiler en 2023. Avouons-le, la tâche paraît difficile, voire impossible, sa côte d’amour ayant atteint le niveau le plus bas jamais enregistré.

Apparemment les stratèges de l’émergence y réfléchiraient et toutes les hypothèses sont sur la table. Peut-être le père.

Mais la maladie pourrait briser son rêve. A défaut, le fils. Là aussi, ce dernier, parfait inconnu de la nomenclature PDG aurait du mal à rassembler toutes les forces qui constituent la majorité actuelle. Ensuite un Bongo peut en cacher un autre dans la course à la succession.

Ce n’est certainement pas du côté du petit fils de Valentin que les hiérarques du PDG pencheraient majoritairement. Des voix s’élèveraient aussi pour s’opposer à une succession de type dynastique
Il faut, dès à présent, trouver une formule qui amènerait les Gabonais – il est permis de rêver – à oublier les crimes économiques, les massacres de 2016 et les frasques du pouvoir émergent.

La technique souvent utilisée dans ces conditions est celle de créer un événement à caractère social très largement désapprouvé par le peuple. Un événement qui suscite un grand choc. On désigne alors le responsable de cette situation, un bouc-émissaire que le pouvoir, avec tous ses relais d’information, accuse d’avoir agi sans son aval, On le traite de tous les noms d’oiseaux pour ensuite le jeter à la vindicte populaire.


Ce sera ainsi pour Julien Nkoghe Bekale qu’on annonce partant depuis des mois, mais qui résiste encore. Sa proximité passée avec l’ancien Directeur de cabinet du président de la République, Brice Laccruche Alianga,ne rassure pas totalement surtout que les candidats à la succession s’activent dans l’ombre. L’a t-il compris ? Sans doute.

Ce qu’il lui manque c’est le courage de refuser de jouer le pire des rôles qui fera de lui l’homme qui a conduit le Gabon à l’abomination. Ça, il risque de le payer très cher !

par François Ondo Edou / Journaliste et homme politique gabonais.


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